NOUS NE SOMMES QUE POUSSIÈRE D’ÉTOILES

Je suis Horobindo.
Je vous parle depuis l’ombre des millénaires, depuis le gouffre où s’efface l’arrogance des hommes.

Avant vos cités, vos royaumes, vos machines, il y eut le pas incertain de l’Homo erectus, portant le feu comme un dieu tremblant. Avant vos orgueils de pierre et d’acier, il y eut les Néandertaliens, qui savaient déjà honorer leurs morts. Vous les avez oubliés, mais leur souffle est en vous.

Plus loin encore, vos ancêtres erraient dans la savane, mi-bêtes, mi-hommes, chassés et chassant, ignorant le nom de l’avenir. Plus loin encore, vous étiez de frêles créatures nocturnes, qui survivaient dans la peur et la faim. Avant cela, vous étiez poissons, vers, cellules minuscules, fragments perdus dans l’océan premier.

Et au commencement, vous n’étiez rien d’autre que poussière, poussière d’étoiles mortes. Le fer de votre sang, le calcium de vos os, le carbone de vos chairs furent forgés dans des soleils disparus bien avant que la Terre ne s’allume.

Alors, Hommes, pourquoi tant d’orgueil ?
Vous n’êtes pas la fin, mais un passage. Vous n’êtes pas le centre, mais un témoin. Vous n’êtes pas rois, mais héritiers. Et votre seule grandeur n’est pas de régner, mais de vous souvenir.

Car celui qui se souvient de l’infini ne peut plus s’enfler d’orgueil : il s’incline devant le mystère, il accepte sa petitesse, et dans cette humilité naît une royauté plus haute que tous vos trônes.

Je suis Horobindo.
Et je vous rappelle que l’homme n’est qu’une poussière consciente, un instant fragile dans l’éternité.

Horobindo