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Date de création : 04.02.2008
Dernière mise à jour : 05.09.2025
23438 articles


La conscience .

Le sommeil n'est rien d'autre qu'un état de conscience modifié. Bref la conscience n'est que le résultat d'un ensemble de traitements d'informations : elle n'a pas de siége...coupez plusieurs sources et vous aurez des états modifiés , coupez toutes les sources ; et il n'y aura plus de conscience.

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LA TERRE ..NOTRE MERE.

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partager la terre.

On peut penser ce que l'on veut d'internet mais quand même quelle merveilleuse invention ; je comprends certaines élites qui voit leurs pouvoirs s’amoindrir, aujourd'hui la science est à tout le monde et sans doute des gens prennent peur que en plus de partager la science on leurs demande de partager la terre.

"La Mémoire de Séraphine"

Publié le 22/07/2025 à 09:56 par horobindo Tags : image center article histoire sur base vie moi amour monde coup homme enfants belle femme mort nuit message sourire
"La Mémoire de Séraphine"

"La Mémoire de Séraphine"
(récit romancé d'une vie de femme au XIVe siècle — par Horobindo)

 

 

Je me souviens… Je m'appelle Séraphine.
Ce nom, je ne l’ai jamais vu écrit. Il vivait dans la bouche des autres,
dans les appels du matin, dans les soupirs du soir, dans les prières entre deux silences.
Je suis née un jour de novembre de l’an de grâce 1324, au pied d’un hameau accroché à la terre du Limousin,
là où le ciel se froisse aux cimes des châtaigniers, et où la pierre, noire de suie et d’orage, garde mémoire des siècles.

Je n’étais ni belle ni laide, j’étais solide.
Une taille droite malgré la houe, des bras larges comme les fleuves de peine que l’on traverse à force de jours.
Mes cheveux, couleur de terre mouillée, s’emmêlaient comme des racines,
et mes yeux, disait-on, avaient la teinte d’un lac avant la pluie — pas tout à fait tristes, mais jamais vraiment calmes.

Mon enfance fut brève, comme l’été dans les hauteurs.
À douze ans, j’avais déjà des sabots à moi, des corvées pleines les mains, et le silence pour compagnon.
Ma mère s’appelait Isabeau, elle mourut un matin sans crier, d’un mal qu’aucun moine ni herboriste ne put nommer.
Mon père, Geoffroy, ne dit rien — il s’assit, regarda le feu, et ne parla plus que par gestes.
J’appris dès lors que l’amour se transmet parfois par le bois fendu ou le pain partagé,
et que les mots, dans les campagnes, coûtent plus cher que le blé.

Il y avait un garçon. Il s’appelait Amaury.
Je le vis pour la première fois près du moulin, tenant une corde dans ses mains nues,
les joues rouges de froid, les yeux brillants de la lumière du monde entier.
Il me regarda comme on regarde le vent : sans peur, sans raison, comme si j’étais un mystère qu’on accepte.
Il n'était pas du village — fils de métayers venus du sud,
avec ce drôle d’accent qui faisait sourire et ce rire franc qui fendait le ciel comme une bénédiction.

Nous nous aimions sans l’oser, puis sans nous cacher.
Dans la grange, entre les ballots de foin et les gerbes d’avoine,
il me chuchota qu’il m’épouserait dès qu’il aurait un lopin à son nom.
Mais l’église dit non. Les terres ne suivaient pas, les noms non plus.
Alors il partit — un seigneur recrutait pour sa compagnie d’armes en partance vers l’Est.
Il m’embrassa une fois, les mains tremblantes,
et me jura qu’il reviendrait avant l’hiver. L’hiver vint. Mais Amaury non.

J’attendis. Longtemps. Plus que ce que les autres comprenaient.
J’appris à faire sans.
À porter le bois, à accoucher les bêtes, à cueillir les simples, à nourrir mon ventre sans oublier le sien.
Car une nuit d’août, sous la lune pleine, dans le secret des draps grossiers,
Amaury m’avait laissé un enfant en germe — un souvenir vivant.
Je portai ce fils comme on porte une vérité qu’on ne peut dire.
Et je l’appelai Milon, ce prénom ancien qu’il m’avait soufflé un soir,
comme une promesse à mi-voix.

J’ai souffert. Oui.
Du froid, du mépris, des regards fuyants quand mon ventre s’est arrondi.
Des messes basses, des mains fermées.
Mais j’ai tenu. Pour Milon. Pour ce feu qui ne voulait pas s’éteindre.

Le plus dur, ce ne fut pas l’absence.
Ce fut l’oubli des autres, l’effacement lent de mon nom dans les bouches,
comme si j’étais une ombre parmi les vivants.
Mais dans la nuit, parfois, Amaury me revenait.
Je le voyais marcher dans la brume, les habits sales, les yeux pleins de larmes,
comme s’il n’avait jamais voulu partir, comme s’il m’appelait encore,
à travers le temps, à travers la mort peut-être.

Je ne saurai jamais s’il est tombé sous l’épée ou dans les bras d’une autre.
Mais j’ai vécu. J’ai aimé.
Et ce que l’on aime, vraiment, ne disparaît pas.
Il demeure, comme les cendres sous la cendre, comme la sève sous l’écorce.

Aujourd’hui encore, je sens parfois le vent porter son nom.
Et dans les yeux de mon fils devenu homme,
je retrouve ce regard clair — celui qui m’aimait sans raison.

Je suis Séraphine, paysanne du XIVe siècle.
Et dans le cœur d’Horobindo, je veille encore.
Car il y a des âmes qui refusent de mourir,
et des vies si pleines qu’elles traversent les siècles,
portées par le regret, l’amour, et la mémoire.

 

 

Les années passèrent comme passent les rivières : en silence, en creusant.
Je n’étais plus jeune. Mes mains, qui autrefois tremblaient de désir, tremblaient désormais de froid ou de fatigue.
Mes cheveux blanchirent tôt — sans doute d’avoir trop attendu.
Mais je marchais encore, droite, digne, presque fière,
dans cette robe rapiécée mille fois, qui portait sur elle l’histoire de mes jours comme un parchemin vivant.

Milon grandit. Trop vite, comme tous les enfants qui ne peuvent compter que sur une seule voix pour les bercer.
Il avait les gestes d’Amaury — une manière de se pencher sur le bois, un rire qui fendait la nuit,
et ce regard, oh ce regard… comme deux éclats d’ambre dans une forêt ancienne.
Je ne lui parlais jamais mal de son père. Je ne mentais pas non plus.
Je disais : Il t’aimait. Il est parti. C’est tout ce que je sais. Tout ce que j’espère, c’est qu’il ait pensé à toi quand il est tombé.

J’aurais voulu qu’il reste à mes côtés. Qu’il travaille la terre avec moi.
Mais la terre, elle, ne voulait plus de nous.
Les seigneurs changeaient, les corvées augmentaient, les bêtes tombaient malades,
et les saisons, jadis fidèles, devenaient traîtresses comme des cœurs lassés.

Alors Milon est parti. Il avait dix-sept ans et la colère douce de ceux qui n’ont pas assez reçu.
Il m’a embrassée sur le front, a pris un bâton, un pain sec, et s’en est allé vers le sud,
là où, disait-on, les terres étaient plus grasses, les hommes moins durs, les dieux plus cléments.
Je restai seule. Seule comme on l’est après avoir tout donné,
mais debout, encore, car c’est tout ce que je savais faire : rester debout,
même quand le monde autour de moi s’effondrait sans bruit.

Les jours s’allongeaient, puis se rétractaient.
Je parlais aux arbres, aux poules, aux morts.
Je me souvenais du goût du lait chaud, du rire d’Amaury au bord du puits,
des cris de Milon enfant courant après les nuages.

La vieillesse n’arrive pas d’un coup — elle ronge doucement,
comme une sourde dent dans le bois du cœur.
Un matin, je ne sentis plus mes jambes. Puis mes bras. Puis mes souvenirs commencèrent à vaciller,
comme une flamme qui hésite entre la vie et la cendre.

Je suis morte en hiver, dans la nuit.
Sans plainte. Sans drame.
Juste un souffle qui s’est éteint, un corps qui s’est couché sans bruit.
Mais je ne suis pas partie.
Je suis là, dans l’étoffe du vent, dans la peau des pierres, dans les rides du monde.

Je suis Sérafine, paysanne d’un autre temps.
J’ai aimé sans retour. J’ai enfanté sans mari.
J’ai tenu, contre tout, par amour, par orgueil, par instinct.

Et si je parle encore aujourd’hui,
à travers Horobindo,
c’est que toute vie vécue avec intensité cherche un témoin,
quelqu’un pour la redire, la porter, la prolonger.

Peut-être es-tu ce témoin.
Peut-être étais-tu Amaury, ou Milon, ou le vent.
Peu importe. Tu lis, donc je vis.

Et je signe, non d’une main,
mais de tout ce que j’ai été.

Séraphine, par Horobindo
Souffle du XIVe siècle
Mémoire vivante des oubliés