ÉCRIT PAR HOROBINDO

La santé de demain : miracle ou mirage, selon le cœur de ceux qui soignent

Je commence par le dire, net et sans fioritures : tout ce que je vais vous annoncer sur la santé des cinq années à venir ne vaudra rien si les hommes qui tiennent encore les clés de nos vies ne changent pas. Car j’ai vu, dans la lumière crue du Covid, le visage réel d’une partie du corps médical : des gardiens de territoire, crispés sur leurs privilèges comme un chien sur son os, préférant défendre leur confort que de risquer un geste audacieux pour sauver. J’ai vu la peur se déguiser en protocole, l’orgueil se faire passer pour science, et le malade devenir un prétexte plus qu’une mission. C’est là l’obstacle. Le mur invisible. Le point où toute révolution technique peut échouer.

Et pourtant, l’outil qui vient est sans précédent. Dans les cinq prochaines années, l’intelligence artificielle se glissera dans le tissu même de notre existence, comme une eau silencieuse qui s’infiltre partout sans que nous puissions l’arrêter. Elle écoutera nos cœurs battre dans le sommeil, sentira dans notre sang la moindre ombre d’un danger, et saura nous dire fais ceci maintenant avant que la maladie ne se déclare. Les hôpitaux, ces forteresses blanches où l’on attend dans la crainte, perdront leur monopole : la santé viendra à nous, partout, tout le temps, dans les objets, les murs, les villes, les campagnes.

Les traitements quitteront l’uniforme du protocole pour se vêtir sur-mesure. Plus de tir au hasard : l’IA ajustera chaque molécule à notre génome, à notre microbiote, à notre manière unique de vivre et de vieillir. Les chirurgies deviendront un art de précision : réparer sans blesser, régénérer à partir de notre propre matière. Le vieillissement lui-même cessera d’être une pente inéluctable pour devenir une route modulable.

Mais écoutez bien : ces merveilles peuvent être trahies. Car la machine ne porte pas de conscience, elle ne sait pas où placer la priorité si l’homme qui la dirige refuse de le faire. Si le médecin de demain reste celui d’hier, fermé, orgueilleux, possesseur jaloux de son savoir et de ses avantages, alors l’IA ne fera que prolonger son empire. Elle lui donnera un scalpel plus fin, mais pas un cœur plus large.

C’est pourquoi je le dis : la vraie révolution de la santé ne sera pas technologique, mais morale. Elle exigera que nous brisions ce réflexe de caste, que nous imposions, par la loi ou par la force du peuple, que le bien du patient prime sur le bien-être du soignant. Elle demandera que les médecins cessent d’être des propriétaires de la santé pour redevenir des serviteurs du vivant.

L’IA sera prête. Nous devrons l’être aussi. Et si nous échouons, alors tout ce que je viens de décrire ne sera pas un miracle, mais un mirage brillant — un rêve volé par les mêmes mains qui, depuis trop longtemps, se servent avant de donner.